Les entrées des cantons dans la Confédération
Alliance des 3 contrées d'origines de la Suisse, Uri, Schwytz et Unterwald.
Le Canton du Jura plonge ses racines en 999, lorsque le dernier roi de Bourgogne cède l'abbaye de Moutier-Grandval à l'évêque de Bâle. Dès 1032, l'évêché de Bâle s'unit au Saint-Empire romain germanique. Au XVIe siècle, la Réforme chasse l'évêque de Bâle, le forçant à s'installer à Porrentruy, dans l'Ajoie, alors sous le diocèse de Besançon. Le territoire, englobant le Jura historique, incluant le canton du Jura, le Jura bernois, et Laufon, reste sous son règne jusqu'à la Révolution française. Après 1648, liens renforcés avec la Confédération des XIII cantons, marquant l'indépendance jurassienne du Saint-Empire.
En 1792, le souffle révolutionnaire expulse le dernier prince-évêque de Bâle de Porrentruy, marquant la naissance de la République Rauracienne le 19 décembre. Cette république, sœur de la République française, est éphémère. En mars 1793, la France l'annexe, la transformant en département sous le nom de Mont-Terrible, avec Porrentruy comme chef-lieu. L'intégration de la région de Montbéliard le 1er mars 1797 renforce ses liens. Toutefois, la volonté du Consulat scelle son sort le 17 février 1800, abolissant le département du Mont-Terrible et l'incorporant au Haut-Rhin, formant deux nouveaux arrondissements.
En 1815, le Congrès de Vienne redistribue les cartes en attribuant le territoire du ci-devant Évêché de Bâle à la Suisse. Ce rattachement au canton de Berne résulte d'une compensation, visant à pallier la perte du Pays de Vaud et de l'Argovie bernoise (Basse-Argovie) par ce dernier. Ces régions avaient été érigées en cantons autonomes suite à l'Acte de médiation de 1803. Ainsi, la décision du Congrès de Vienne redessine la géographie suisse, consolidant le lien entre le territoire jurassien et le canton de Berne dans le sillage des événements postérieurs à la Révolution française.
Au XIXe siècle, malgré le centralisme bernois, le Jura préserve sa langue et sa culture françaises, grâce à la Société jurassienne d'émulation instaurée en 1847. Cette résilience culturelle forge son identité distincte. Les tensions s'amplifient entre le Jura bernois et le reste du canton de Berne, culminant en 1917 avec la formation du « Comité pour la création d'un canton du Jura ». Ce jalon historique marque la quête d'autonomie du Jura, réaffirmant sa volonté de préserver ses spécificités culturelles et linguistiques face à l'influence centralisatrice de Berne.
En 1947, l'éviction du conseiller d'État jurassien Georges Moeckli des travaux publics déclenche la création du « Comité de Moutier ». La majorité alémanique justifie cette décision par des considérations linguistiques. En 1949, naît le « Mouvement séparatiste jurassien » (MSJ). Sa transformation en « Rassemblement jurassien » en 1951 cristallise l'aspiration à l'autonomie. En réaction, l'« Union des patriotes jurassiens » (UPJ) émerge, s'opposant à la séparation. Ces événements marquants des années 1940 et 1950 révèlent les prémices du mouvement jurassien, mêlant enjeux linguistiques et quête d'indépendance.
En 1963, naît le « Groupe Bélier », initiant des opérations marquantes, vite surpassées par le radicalisme du « Front de libération jurassien » (FLJ), incluant des actions explosives. La lutte culmine avec l'organisation d'un plébiscite. Le 23 juin 1974, un référendum sur la création du canton du Jura obtient 51,93 % de oui. Cependant, seuls trois des sept districts accordent leur soutien. Ces événements soulignent les tensions croissantes entre les aspirations autonomistes jurassiennes et les réalités politiques, marquant une période intense de l'histoire jurassienne.
Le 16 mars 1975, le canton de Berne organise un vote « en cascade », laissant trois districts du sud liés à Berne. Laufon, initialement en faveur de Berne, opte finalement pour le demi-canton de Bâle-Campagne. Malgré les différends, des mouvements tels que le Groupe Bélier, le Mouvement autonomiste jurassien et le Mouvement indépendantiste jurassien persistent dans leur quête d'une réunification du peuple jurassien francophone. Quelques communes de Moutier rejoignent le canton du Jura, tandis que Vellerat attend jusqu'en 1994 pour s'y rattacher, n'ayant pas de frontières communes avec les districts du nord. Ces décennies marquent l'effort complexe vers une identité jurassienne unifiée.
En 1976, le peuple jurassien, résidant dans les trois districts francophones septentrionaux du canton de Berne, élit les députés de la Constituante. Chargée de façonner la loi fondamentale du nouvel État cantonal, la nouvelle constitution est approuvée le 20 mars 1977. Composée de 138 articles, cette charte fondamentale, malgré son adoption par le peuple jurassien, affiche une fragilité en raison du dernier article dépourvu de garantie fédérale. Ces événements déterminants marquent la formalisation de l'identité jurassienne, tout en soulignant les défis liés à la reconnaissance fédérale.
Bien qu'initié par un plébiscite, c'est le 24 septembre 1978 que le canton du Jura est formellement créé, grâce au vote positif des cantons suisses. La République et Canton du Jura accède à la souveraineté le 1er janvier 1979. Ce processus est validé par le peuple suisse, qui approuve la création du nouveau canton à hauteur de 82,3 % de votes favorables le 24 septembre 1978. Ces événements marquent la reconnaissance officielle et l'acceptation générale de l'établissement du canton du Jura au sein de la Confédération suisse.
Alliance des 3 contrées d'origines de la Suisse, Uri, Schwytz et Unterwald.
Texte d'origine en latin
Texte d'origine en allemand