Les entrées des cantons dans la Confédération
Alliance des 3 contrées d'origines de la Suisse, Uri, Schwytz et Unterwald.
Au cœur des Alpes suisses, le canton des Grisons a une histoire riche et diversifiée. Occupée à l'origine par les Rhètes, la région fut annexée par l'Empire romain en 15 av. J.-C., devenant ainsi une partie intégrante de la province romaine de Rhétie. Après l'avènement du christianisme, Coire, la capitale grisonne, devient le siège du premier évêché au nord des Alpes. En 536, elle est intégrée au royaume des Francs, puis au Saint-Empire romain germanique. Au XIIIe siècle, les Walser, peuple germanophone du Valais, migrent vers les plateaux d'alpage grisons, tandis que des populations alémaniques s'établissent au nord, autour de Coire.
À la fin du Moyen Âge, le canton des Grisons forge son destin en formant des ligues pour résister aux influences extérieures, principalement celle de la principauté épiscopale de Coire. En 1367, la Ligue de la Maison-Dieu émerge dans le sud-est et le centre, suivie en 1395 par la formation de la Ligue grise à l'ouest, donnant ainsi son nom au canton. En 1436, la Ligue des Dix-Juridictions se forme au nord. Ces alliances marquent une époque où les Grisons, stratégiquement unis, défient les forces externes et sculptent leur identité régionale.
Au seuil du canton actuel des Grisons, en 1450, la Ligue des Dix-Juridictions unit ses forces à la Ligue de la Maison-Dieu. En 1471, ces ligues s'entremêlent avec la Ligue grise. Les événements de 1497-1498, marqués par l'acquisition des domaines des Toggenburg par les Habsbourg, propulsent les trois ligues dans la guerre de Souabe, aux côtés de l'ancienne Confédération suisse. Les victoires à Calven et Dornach en 1499 aboutissent à la reconnaissance de la Confédération et des ligues. Toutefois, ce n'est qu'en 1524, avec le Bundesbrief, que les Trois Ligues consolident leur association, établissant les fondements souverains des districts et communes actuels.
En 1512, les Trois Ligues élargissent leur influence vers le sud des Alpes, annexant la Valteline, les vallées de Chiavenna et de Bormio, sous leur autorité jusqu'au début du XIXe siècle. En 1518, un contrat entre les Trois Ligues et les Habsbourg, signé par l'empereur Maximilien, perdure jusqu'en 1798, solidifiant des relations stratégiques. En 1526, les derniers vestiges de la juridiction de l'évêché de Coire disparaissent. La guerre de Musso en 1526 resserre les liens entre les Trois Ligues et la Confédération suisse, jetant les bases d'une histoire commune dans les décennies à venir.
À l'époque de la Réforme, la moitié des communes, y compris Coire, embrassent le mouvement réformiste, marquant un tournant religieux. Pendant la guerre de Trente Ans, les Trois Ligues grisonnes sont impliquées dans le conflit. La division émerge lors du choix entre l'Autriche et la France, menaçant l'unité du pays. Le pasteur et commandant militaire Jürg Jenatsch devient le pacificateur des Trois Ligues, naviguant habilement dans les tensions pour préserver la cohésion régionale. C'est une période où la foi, la guerre et le leadership définissent l'identité des Grisons.
Le 10 octobre 1797, Napoléon Bonaparte annonce la réunion de la Valteline, de Chiavenna et de Bormio à la République cisalpine, qu'il avait déclarée indépendante et dirigée par quatre des cinq membres du directoire, le 9 juin précédent. L'article 18 de la constitution de la République helvétique du 16 mars 1798 invite les trois « Ligues-Grises » à devenir « partie intégrante » de la nouvelle république en tant que canton « de Rhétie, ou des Grisons ». C'est une époque où les destinées des Grisons sont façonnées par les bouleversements de l'Empire napoléonien.
Le 20 mars 1815, l'empereur d'Autriche, François Ier, annonce la cession de la seigneurie de Rhäzüns au canton des Grisons. Cette région avait été cédée à la France selon l'article 3 du traité de Vienne en 1809, puis restituée à l'Autriche par l'article 2 du traité de Paris en 1814. Le 9 juin 1815, l'article 78 de l'Acte final du congrès de Vienne confirme cette cession aux Grisons. Enfin, le 19 janvier 1819, le canton des Grisons officialise son retour en possession de la seigneurie, scellant ainsi un chapitre crucial de son histoire territoriale.
Malgré l'acte final du congrès de Vienne, la Valteline n'est pas restituée au canton des Grisons. L'article 94 de cet acte la cède à l'empire d'Autriche. Le 7 avril 1815, l'empereur d'Autriche, François Ier, annonce l'intégration permanente de la Valteline, de Chiavenna et de Bormio à l'Empire, les incorporant au royaume de Lombardie-Vénétie et au gouvernement de Milan. Le 24 janvier 1816, le gouverneur de Milan, Franz Josef Saurau, les unifie dans la province de Sondrio. C'est un épisode crucial où les destinées territoriales des Grisons subissent une bifurcation historique.
Le 7 août 1815, à Zurich, Georg Gengel signe le Pacte fédéral, jetant les bases de la Confédération suisse. Cependant, ce n'est qu'en 1854 que la constitution cantonale transfère la souveraineté des communes juridictionnelles au peuple. En 1892, le canton des Grisons adopte sa propre constitution, subissant 30 modifications au cours du siècle suivant. Un moment marquant intervient le 5 mars 1972, quand le canton, l'un des derniers, accorde enfin le droit de vote aux femmes, après un refus lors d'une votation en 1968. Une évolution constante marque l'autonomie et la démocratie grisonnes.
Alliance des 3 contrées d'origines de la Suisse, Uri, Schwytz et Unterwald.
Texte d'origine en latin
Texte d'origine en allemand