L'histoire du canton de Fribourg

Entrée dans la Confédération

22 décembre 1481


Langue officiel

Français/allemand


Superficie

1 670,7 km2


Le plus ancien site habité

Au cœur du canton de Fribourg, une découverte archéologique fascinante éclaire notre compréhension des premières traces de vie humaine. Un campement du Paléolithique supérieur, datant de 13500 av. J.-C., a été mis au jour près du lac de Lussy, dans la commune de Châtel-Saint-Denis. Les chercheurs ont également identifié des vestiges d'implantations datant du Mésolithique, perchés sur les falaises surplombant la Sarine près d'Arconciel, dans la vallée du Gros-Mont (Charmey) et la vallée de l'Euschels (Bellegarde). Les rives des lacs de Neuchâtel et de Morat dévoilent quant à elles des vestiges du Néolithique, de l'âge du bronze, et de la civilisation de Hallstatt. La civilisation de la Tène, représentée au mont Vully, laisse entrevoir les restes d'un oppidum, potentiellement l'un de ceux mentionnés par César dans la Guerre des Gaules.

L'éclat à la défense

À partir de 58 av. J.-C., le canton entre dans le giron de la domination romaine, marquant une ère de transformations et de prospérité. La proximité d'Aventicum, capitale de l'Helvétie romaine, stimule la croissance régionale. Des vici, tels que celui de Marsens, et des villae, pointent sur tout le territoire. La villa de Vallon, dans la Broye, présente des vestiges exceptionnellement préservés, honorés par un musée dédié. Cependant, au IIIe siècle, l'influence romaine décline face aux premières invasions alémanes, signalant une époque de résistance et de changements dans le canton.

Entre l'antiquité et le moyen âge

Les méandres de l'histoire du canton demeurent en partie énigmatiques entre la fin de l'ère romaine et l'avènement du second royaume de Bourgogne au VIIe siècle. En 888, au décès du dernier héritier de Charlemagne, le territoire intègre le royaume de Bourgogne transjurane, puis s'unit au Saint-Empire en 1032. Sous l'égide du diocèse de Lausanne, l'intégralité du canton se divise, l'évêque détenant des droits sur la partie sud, comprenant Bulle, Albeuve, et Riaz. Au XIe siècle, émergent les premières mentions des seigneurs de Glâne et des comtes de Gruyère, marquant les prémices d'une nouvelle ère féodale.

Fondation de Fribourg en 1157

En 1127, le comte de Bourgogne, Guillaume III l'Enfant, est tragiquement assassiné au couvent de Payerne, suscitant une querelle d'héritage. Son oncle, Conrad de Zaehringen, revendique le comté, soutenu par l'empereur Lothaire III qui le nomme recteur de Bourgogne. Cependant, les revers s'accumulent pour Conrad et son fils Berthold IV, d'abord contre les comtes de Genève, puis la perte du comté de Bourgogne. Malgré cela, Berthold IV persiste dans sa vision de contrôler l'est du Jura et concrétise cette ambition en fondant des villes sur le Plateau, dont Fribourg en 1157.

Les guerres et l'affranchissement

Au XIIIe siècle, les affres des guerres opposent le duc de Zaehringen à ses voisins, dévastant le sud du canton actuel, la Gruyère et la vallée de la Broye. En 1218, la mort de Berthold V transmet les possessions des Zaehringen aux Kibourg. La région devient l'arène de conflits féodaux incessants entre seigneurs locaux. Fribourg émerge progressivement de l'emprise de ses suzerains (Kibourg, Habsbourg, Savoie), établissant sa suprématie sur les villes avoisinantes. Durant la guerre de Bourgogne, Fribourg, le Comte de Gruyère et l'évêque de Lausanne s'allient aux Suisses. En 1481, Fribourg intègre la Confédération, marquant le début d'une histoire commune avec le canton jusqu'à la fin de l'Ancien Régime en 1798.

La réforme et de l'expansion

Fraîchement constitué en tant que canton, Fribourg prend une décision cruciale lors de la Réforme en 1524 en optant pour le catholicisme. Le gouvernement impose la foi catholique à tous, forçant les dissidents à l'exil. Malgré cette divergence religieuse, les liens avec Berne et Genève restent solides grâce aux traités de combourgeoisie. En 1536, profitant de l'intrusion bernoise dans le Pays de Vaud, Fribourg étend son territoire en annexant Romont, Attalens, Bulle et Châtel-Saint-Denis, les transformant en bailliages. En 1555, la conquête de la partie inférieure du Comté de Gruyère achève la formation du territoire actuel du canton au milieu du XVIe siècle.

L'enclavement protestant

En réaction à l'enclavement protestant, Fribourg manifeste une volonté affirmée de promouvoir l'industrie de l'imprimerie et l'éducation. Ce mouvement est initié par l'arrivée en 1580 de Pierre Canisius, qui devient un moteur de changement dans la région. L'impulsion de Canisius favorise l'essor de l'imprimerie et stimule le secteur éducatif. C'est dans ce contexte que naît le premier imprimeur fribourgeois, Abraham Gemperlin (de), contribuant ainsi à l'épanouissement intellectuel et culturel de Fribourg. Cette dynamique marque une période cruciale où la cité cherche à diversifier ses activités et à répondre aux défis de son environnement religieux.

Diplomatie et pragmatisme

Jusqu'en 1798, le canton de Fribourg demeure enclavé au sein des possessions bernoises, suscitant une double volonté de ses autorités. D'une part, ménager le puissant voisin, Berne, et d'autre part, dissuader toute agression potentielle en formant des alliances avec les puissances catholiques européennes, en particulier la France. Cette stratégie diplomatique et pragmatique caractérise une période où Fribourg navigue habilement entre les intérêts locaux et les alliances internationales pour assurer sa sécurité et maintenir son identité face à la prédominance bernoise.

L'évolution patricienne

Dès le milieu du XVIe siècle, un régime patricien prend forme à Fribourg. En 1542, le Conseil secret, composé des quatre bannerets de la ville, émerge avec dix membres. En 1627, les bourgeois du Conseil secret se réservent l'éligibilité, restreignant davantage l'accession à la bourgeoisie en 1684. Ainsi, le nombre des familles patriciennes décline progressivement. Malgré les tentatives du régime de rationaliser et centraliser le canton au XVIIe et XVIIIe siècle, la résistance persiste, manifestée notamment par les troubles de 1781. La tentative de renversement du gouvernement par Pierre-Nicolas Chenaux échoue, reflétant la tension entre les "Lumières patriciennes" et les ressentiments des paysans de la Gruyère et de la Singine.

L'économie florissante

L'économie fribourgeoise de l'Ancien Régime se caractérise par la prédominance écrasante du secteur primaire. Dans les régions préalpines, l'économie fromagère prospère, donnant naissance à des dynasties de barons du fromage à Charmey et Grandvillard, atteignant leur apogée au XVIIIe siècle. Le commerce prospère également, témoignant de la vitalité des foires dans de nombreuses villes. Malgré une situation économique globalement favorable, l'émigration reste notable, principalement sous la forme de service capitulé, soulignant les dynamiques complexes entre la prospérité économique et les mouvements migratoires de l'époque.

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